Toucher quelqu’un, c’est entrer en relation physique directe avec lui.
Le toucher constitue sans doute notre sens le plus social : contrairement à la vue, à l’ouïe, à l’odorat ou au goût, qui peuvent se mobiliser seul, il suppose toujours la présence d’un autre.
La peau, organe du toucher, a ceci de particulier qu’elle enveloppe l’ensemble du corps et des autres organes sensoriels. Le toucher se distingue ainsi des autres sens : il nécessite la présence d’autrui, engage la rencontre entre deux corps et abolit toute distance entre eux. On ne peut être touché qu’à proximité immédiate. Il est d’ailleurs toujours réciproque : lorsque l’on touche, on est simultanément touché.
Être touché, c’est d’abord ressentir une sensation (pression, chaleur…), puis, au-delà de la perception, éprouver une résonance affective, une tonalité émotionnelle propre à chacun.
Toucher pour vivre
Le toucher est essentiel à la survie du jeune enfant. Son développement psychique, physique et émotionnel en dépend. Les travaux d’éthologie le montrent clairement : chez les jeunes animaux, le léchage ou le toilettage est indispensable à la croissance, à la régulation du stress et à la construction des comportements sociaux. De la même manière, chez l’humain, la stimulation cutanée précoce conditionne un développement harmonieux.
Toucher pour découvrir
C’est à travers l’expérience tactile que l’enfant découvre son propre corps et le monde qui l’entoure. Le toucher fonde notre rapport au réel : nous validons l’existence d’un objet en le touchant. Ce que les autres sens nous transmettent demeure une hypothèse, que le toucher vient confirmer. Il atteste de la « réalité objective » du monde extérieur.
Toucher pour bien se développer
La qualité du holding et du handling, les soins quotidiens, les caresses et les gestes de maternage participent à la construction d’une image corporelle positive. Ils nourrissent le sentiment d’être reconnu, accepté, aimé. Le toucher apporte chaleur et réconfort, assure la sécurité interne et soutient l’ouverture au monde. Les stimulations tactiles précoces ont ainsi des effets à long terme sur le développement physique, psychique et relationnel.
Dans la relation soignant-soigné, le toucher constitue un mode de communication essentiel. Il engage un « corps à corps », où se transmettent réassurance, présence et attention.
Sur le plan relationnel, l’expérience du toucher aide à construire une image du corps unifiée, contenante, cohérente et investie positivement — un corps « aimable » au sens narcissique du terme. Il génère détente, bien-être et apaisement, ce qui fonde son intérêt thérapeutique.
Intérêts thérapeutiques du toucher
• Soutien de l’existence corporelle et du schéma corporel
– Renforcement du sentiment d’unité corporelle
– Expérience d’un contact sécurisant, ajusté
• Régulation tonico-émotionnelle
Le toucher permet :
– de moduler le tonus (hypertonie / hypotonie),
– d’atténuer les tensions corporelles,
– d’améliorer la régulation émotionnelle grâce au lien tonus–affects.
• Développement de la conscience corporelle
Il favorise :
– la perception du corps (proprioception et toucher superficiel),
– une organisation corporelle plus cohérente dans l’espace.
• Amélioration de l’image du corps
Le toucher aide à :
– réinvestir des zones peu ou mal perçues, douloureuses ou délaissées,
– rétablir une relation plus harmonieuse aux sensations,
– consolider une image du corps stable, positive et intégrée.
• Facilitation de la relation et de la communication
Le toucher devient médiateur :
– pour des personnes présentant des difficultés d’expression verbale,
– pour soutenir la communication non verbale et l’expression émotionnelle.

Ma pratique clinique
J’utilise le toucher-thérapeutique auprès d’adultes présentant des handicaps complexes, ou encore désormais en Ehpad auprès de personnes âgées souffrant de démences. Les séances de relaxation (relaxation coréenne, toucher-massage, balles et objets sensoriels…) permettent un apaisement global et une meilleure conscience corporelle.
J’observe chez ces personnes un intérêt manifeste : un éveil, un engagement relationnel, une respiration plus ample, une détente profonde, parfois un véritable lâcher-prise.
La dimension sensorielle est également enrichie par la présence de Rio, mon chien médiateur. La douceur de son poil est très appréciée, et sa proximité renforce l’atmosphère apaisante des séances. Qu’il se couche à côté de la personne pendant une séance de relaxation ou non, la présence du chien favorise la sécurité affective, la détente et une qualité relationnelle.
Le toucher est une médiation extrêmement intéressante à tout âge de la vie…
